Avis à tous les amateurs d'aventures et d'évasion: notre première quinzaine de septembre va vous décevoir.


Après une semaine très sympa passée à La Digue, nous décidons de pointer l'étrave de Taoumé en direction de Victoria. Plusieurs raisons confortent cette décision. Déjà, il s'avère que je suis incapable de travailler sur le bateau ici. La veille du départ, j'ai laborieusement réussi à gratter la coque mais ça m'a pris la journée. Non pas que le boulot était insurmontable mais j'étais sans arrêt distrait par ce joli tombant à quelques coups de palmes du bateau et j'avais plus tendance à partir nager avec les raies qu'à frotter la carène... Et puis, entre la paperasse pour prolonger le droit de séjour de Taoumé dans les eaux seychelloises et la machine à laver qui nous attendait au yacht club, le besoin de bouger se faisait grand. Surtout, par ce beau lundi de la fin août, on bénéficiait d'une météo exceptionnelle pour effectuer la traversée.


Cette petite nav' de 25 miles fut juste parfaite. Toutes voiles dehors, bon plein ou travers, nous dépassons Caïman Rocks laissé sur notre bâbord. On teste le pilote (j'avais juste passé en revue les connexions entre les divers éléments) et là miracle: il fonctionne !

À 6,5 nœuds, bateau stable, pilote fonctionnel, à proximité d'un récif affleurant, je me dis que le moment est idéal pour mettre la ligne à l'eau. 30 minutes plus tard, ça mord ! Un joli petit thon de 2kg environ. Ni trop, ni trop peu pour le dîner de ce soir. Bon, j'ai flingué mon ridicule moulinet dans l'action mais le poisson est monté à bord sans grande difficulté, écaillé et vidé en direct sur le balcon arrière avant d'être mis au frigo en attendant l'arrivée au port.

Le pilote auto a fini par décrocher à peu près à mi-chemin mais sa performance de début de journée me permet d'éliminer pas mal de causes potentielles. Et puis, dans le fond, on s'en fiche. Il nous a permis de nous concentrer sur le poisson et autres petites bricoles à bord. Les 2 heures suivantes sont un réel plaisir. Dans ces conditions, on se battrait presque pour prendre la barre tellement la sensation est enivrante.

Cette fois, l'atterrissage est précis... Très précis. On dépasse Ste Anne, la côte à quelques encablures sur bâbord et on file vers l'entrée du chenal. Lulu nous met face au vent avant de démarrer le moteur et d'affaler les voiles... À 3 mettre à peine de l'énorme bouée verte. On aurait pu l'accrocher à la gaffe. Côté précision, le capitaine n'en demandait pas tant !

On entre dans le port, on prend un corps mort devant le yacht club déserté par les autres bateaux de passage. Lulu maîtrise bien son affaire à la barre. Je pousserai quand même un bon coup de gueule en la voyant quitter son poste avant que le bateau ne soit attaché. Quelle idée ? Elle croyait peut-être que j'allais tirer 13 tonnes à bout de bras pour ramener l'aussière à son taquet ? Mais le soir, face à un delicueux steak de thon, on debrief et on s'accorde à dire qu'on s'est éclaté.


"Je bosse à fond sur le bateau et on repart dans une semaine ?

- Parfait, j'en profiterai pour faire un max de lessives et de ménage

- On peut aller au toboggan ?"

Je vous laisse deviner quelle phrase appartient à qui...


Il s'avérat qu'il me fallu 10 jours plutôt que 8 pour boucler mon planning. Révision de la pompe à eau, intervention sur un tank et modifications sur une sortie d'eau, installation d'une pompe de secours. Ça c'est pour la partie plomberie. Dehors, c'est fabrication et mise en place d'une échelle de bain digne de ce nom.

C'est bon, on peut retourner vers des eaux plus claires, de belles plages, loin du bruit des remorqueurs et des navires de pêche...quoique... "PAS SI VITE !" nous dit la météo. Les prévisions sont justes: 2 jours de pluie puis 2 jours de vent fort. Autant rester gentiment abrités à Victoria. Grâce à l'annexe on récupère plus d'eau de pluie qu'il n'en faut pour faire les pleins et j'ai le temps d'installer l'arrivée d'eau de mer dans la cuisine. Il ne reste plus qu'à attendre la pompe pour mettre le système en fonction.


Cependant, ces 4 jours à l'arrêt ne sont pas pour m'enchanter. J'ai des choses à régler avec mon pilote et pour ça, je dois naviguer. Il ne reste qu'une semaine avant l'arrivée de ma mère, c'est peu. A cela s'ajoute un départ des Seychelles qui se rapproche à grand pas et l'envie de nomadiser de Anses en Baies sur la côte ouest de Mahé devient pressante.