Après un mois d'interruption, nous voici de retour. On ne vous a pas trop manqué ?

Un mois amarrés à la marina de Zanzibar. Un mois qui est passé très vite au final. C'est confortable, indéniablement, et dans une certaine mesure, assez reposant. Pas de questions à se poser pour remplir les réservoirs d'eau, de l'électricité à profusion...

Bien sûr, lorsque les orages se manifestent au milieu de la nuit, on est réveillés, on surveille les amarres, on rentre tout ce qui peut traîner sur le pont si ce n'est déjà fait.


Ces orages ! Toujours à vous prendre à revers ! Si certaines fois on arrive à les anticiper, il nous arrive aussi de ne rien voir venir, tout comme la nuit dernière où rien ne laissait présager le coup de vent. Ils sont souvent concomitants avec le passage des cyclones à proximité de Mada. Pas de chance, ils en prennent un par semaine en ce moment.

On n'en a pas vraiment parlé avec Lulu mais pour ma part, à 48h du prochain appareillage, l'appréhension m'envahit. Je risque d'avoir quelques insomnies durant les premières nuits au mouillage. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas une confiance absolue en ma chaîne et en mon ancre de secours. On verra bien.


On ne connaît toujours pas notre destination, 2 options s'offrent à nous. Petit 1: on pourrait descendre directement sur Dar Es Salaam. Le mouillage là-bas semble abrité des vents et de la mer générés par les orages. On pourrait s'y rendre en un jour, ou 2 avec une halte pour la nuit au sud de Zanzibar. Cependant, rien ne presse car l'ancre que j'ai commandé n'y est toujours pas arrivée et hormis lors des orages, qui ne sont quasi jamais annoncés, la météo nous dit qu'on manquera de vent ces prochains jours. Option 2: on file vers le nord de Zanzibar. Cela nous permettrait de découvrir un coin que l'on n'a pas encore exploré et d'être à proximité de Bumbwini qui présente le meilleurs abri de l'île en cas de vent venant du sud. En contrepartie, cela nous éloigne de Dar.

Une 3ème option consisterait à rester à la marina encore un peu mais cette possibilité est onéreuse et ne fait que repousser l'échéance. Et puis ici, bien que sécurisant et confortable, le cadre manque un peu de charme.


Nous vivons dans un alignement d'une vingtaine de bateaux. Occasionnellement, un catamaran de charter vient s'amarrer à côté de nous. Pas de sanitaires ici, on se douche donc à bord ou au tuyau d'arrosage sur le ponton si la pression est suffisante à la borne.

Il nous faut 10 minutes en dala-dala pour rejoindre Stone Town où l'on va faire nos emplettes une à deux fois par semaine. On a bien essayé d'aller à Mtoni, petit village à un jet de pierre d'ici mais les prix n'étaient pas plus intéressants qu'en ville et on a fini par avoir une altercation avec un gros monsieur agressif aux propos racistes qui voulait nous raquetter.

Tous les week-ends nous passons un après-midi au parc aquatique pour le plus grand bonheur de Tao. C'est l'occasion pour lui de s'éclater sur les toboggans et de jouer avec d'autres enfants dont l'absence à la marina commence à se faire sentir. Il manque d'interactions avec des enfants de son âge mais malheureusement, on n'y peut pas grand chose pour l'instant. En fin de journée, des manèges gratuits pour les clients du parc ouvrent leurs portes et notre petit mousse, malgré 4 heures passées à se fatiguer dans l'eau ne manquerait ça pour rien au monde.

La plage à proximité est envahie de barques de pêche. Le sable est recouvert de plastique, de savates, de cadavres de poissons ; l'eau est saumâtre au possible. Nous n'avons osé y mettre les pieds qu'une seule fois, pour aider Javerne à caréner. Ils ont passé une bonne semaine dans le coin et ont profité d'une marée basse à fort coefficient pour beacher afin de gratter leurs coques (beacher consiste à poser son cata sur le sable, bref, à l'échouer volontairement pour intervenir sous la ligne de flottaison sans avoir à plonger).

Nous avons mis à profit cette abondance d'eau douce et d'électricité pour effectuer nous aussi quelques menus travaux. Lulu a fait beaucoup de couture, j'ai regraissé tout le système de direction du bateau, on a installé l'ancre de secours, bien nettoyé le pont et le dinghy... À ce jour, il reste les portes des placards de la cuisine à réparer (pour lesquelles je manque d'inspiration et /ou de matières premières) et le nouveau feu de pont à installer (ce qui devrait être fait avant notre départ).

On a aussi gratté notre coque mais sans mettre le bateau à sec. Enfin, je dis "on" mais j'ai surtout embauché 2 jeunes plongeurs de la marina pour faire les 3/4 de la corvée. Résultat, la carène est impeccable, comme neuve. Ils ont fait un super boulot. Pareil pour la bouteille de gaz vide, j'ai sous traité. Décidément, la vie en marina a ses avantages.


Nous voici donc parés à larguer les amarres, autant que faire se peut. Reste à trouver la prière adéquate pour inciter Poséidon à se montrer clément envers Taoumé et son équipage.