Pour nous Mwanza est une grande ville parfaite pour se déplacer dans l'anonymat (même si on doit être environ 1 blanc /100 000 habitants, soit moins que de personnes atteintes du covid en France). Ce sont les chawarmas et les glaces du Salma Cône, notre première expérience en boda boda (taxi moto), en short, savates et sans casque avec Tao entre le chauffeur et moi. Mwanza est aussi synonyme de grands marabouts (sortes de cigognes avec une sale tête) en nombre impressionnant, un marché aux poissons hallucinant, une maison construite sous un rocher en équilibre plus que précaire sur un autre... Si seulement ces enfants ne mendiaient pas le soir sur Kenyatta Road...


Nous décidons de nous payer une balade en bateau pour notre dernier jour au bord du lac Victoria. L'occasion de vivre le "cauchemar de Darwin" sans jamais avoir vu le film, de longer un peu la côte et de visiter les quelques îlots un peu plus au large. Concernant les conditions sur l'eau, on parlerait bien de mer du vent légèrement formée mais on est sur un lac. Le terme de "lac du vent" s'emploie-t-il ? Quoiqu'il en soit, ça ressemble à la méditerranée avec 25 nœuds.

Face au vent, assis sur un énorme bloc de granite, les limites du lac se perdant par delà l'horizon, qu'on est bien. Pour l'équipage de la petite barque qui nous a amené là, il ne manque qu'un petit joint. Ils s'en allument un, légèrement en contrebas, à l'abri.

Et puis c'est reparti. On slalome entre les îlots, dérangeant parfois des piroguiers pratiquant illégalement la pêche dans la zone. Ils sont très moyennement ravis de nous voir passer avec des appareils photos mais on ne s'attarde pas. On croise aussi des embarcations intéressantes : des sortes de kayaks très plats, ouverts, fabriqués en joncs, étudiés pour une seule personne, propulsés à l'aide d'une pagaie simple. Et il existe aussi la version 21°siècle : plus volumineuse, elle est faite de sacs en toile de jute remplis de bouteilles en plastique usagées.


Nous croiserons furtivement un petit crocodile et apprendrons que si nous voulons investir, nous serons accueillis à bras ouverts à Mwanza. Cette petite île par exemple serait parfaite pour construire un écolodge sur le lac. Elle appartient à l'état qui cherche à la céder. En négociant un peu elle nous coûterait à peu près 4000 euros... Et sur place, il y a tous les gens motivés et qualifiés qu'on veut pour faire tourner l'affaire.

Le lendemain, au petit matin, nous quittons Mwanza par le lac avec notre bus sur la barge qui traverse la baie.