Le voyage a été particulièrement long et atroce. Les travaux sont en cours mais la route goudronnée n'existe pas encore. Nous atterrissons dans un quartier résidentiel bien aéré où apparemment les gens ne voient pas d'européens tous les jours; on se sent légèrement dévisagés... Les enfants nous répètent sans cesse "shikamo, shikamo !". Mais ça veut dire quoi "shikamo", bordel ? En fait, c'est une façon respectueuse de saluer un aîné ou un supérieur. Il convient de répondre par "marahaba". Dès le lendemain, on est au courant et on s'y emploie.


Étape hautement symbolique de notre voyage, nous partons à la rencontre du Dr Livingston, à Ujiji, à 5km de là... Avec 150 ans et quelques jours de retard. Heureusement, Stanley était à l'heure lui. Bien sûr, nous visitons le musée et le mémorial. C'est l'occasion d'y apprendre plein de choses intéressantes sur la région et son histoire.

La petite route pavée qui y mène s'achève 300m en contrebas sur les rives du lac. Là, on se sent observés et mal à l'aise. Mais un vieux pêcheur avec sa pagaie m'indique en me saluant (en swahili et avec beaucoup de gestes) comment contourner une grande étendue de vase pour accéder à la "plage". Les rives du lac sont très humides et instables à cet endroit, dès que l'on passe la zone où les femmes lavent le linge pendant que les enfants se baignent et pêchent à la ligne.

Après quelques dizaines de mètres, on fait demi tour. La zone devient marécageuse. Un peu plus loin, entre les herbes, 2 pêcheurs frappent la surface avec leurs pagaies. Au retour, tous mes sens sont en alerte. Je n'aimerai pas me faire surprendre par un crocodile.


Nous voulions repartir dès le lendemain mais nous loupons le bus par incompréhension. Et oui, en swahili, 6h du matin ça se dit 12h du matin ! Non, je ne rigole pas. Oui, vous avez bien lu. Le surlendemain, on ne se fera pas avoir, surtout qu'on a enfin trouvé quelqu'un (une femme), qui parle parfaitement anglais et prend nos réservations.

Cela nous laisse donc toute une journée pour descendre vers le centre ville de Kigoma. Nous nous dirigeons vers le port et tombons presque par hasard sur le MV Liemba, à l'arrêt, le long d'un quai bien gardé. Ce bateau appartient à l'histoire. C'est entre autre le transport de passagers le plus vieux encore en activité dans le monde.

Nous aurions pu y aller et visiter le bateau contre un petit pot de vin mais la gendarmette à l'entrée était un peu trop gourmande et j'ai vite mis fin aux négociations. Au lieu de ça, nous avons trouvé un petit resto de plage sympathique où passer le reste de la journée. La baie de Kigoma s'étale sur notre droite. Au loin, face à nous, les montagnes appartiennent à la République Démocratique du Congo.