Nous y arrivons en début d'après-midi et tout ici joue en notre faveur pour régler en suivant l'organisation des prochains jours. Il se trouve par ailleurs que l'on a posé nos sacs pile au bon endroit et au bon moment pour être invités par la communauté d'expatriés anglicane locale à sa commémoration de Noël et au repas qui s'en suit. Comment réussir un bon Noël sans avoir d'étrangers voyageurs de passage à sa table ?

Mais avant tout, on se réunit dans la petite église pour chanter des chants de Noël et relater l'histoire de la naissance de Jésus mise en scène par les enfants. 2 ou 3 personnes se succèdent pour commenter quelques passages de je ne sais quel évangile et les ancrer dans le présent. C'est simple, sans fioritures et dans une ambiance décontractée, pas du tout solennelle. Mais c'est quand même trop pour Tao qui préfère aller se rouler dans la terre avec les gamins du quartier. À la fin de la cérémonie, chaque enfant reçoit une orange et une bougie.

Tout le monde est bien habillé et chaque famille a apporté des plats délicieux, cuisinés avec les produits issus de leurs fermes. Car oui, ils sont tous propriétaires terriens dans la région. Et les affaires ont l'air plutôt bonnes. Aux vues de leurs voitures, ils ne semblent pas manquer de moyens. Mais parallèlement, cette communauté assure une certaine redistribution de ses profits au reste de la population. Selon quelle proportion ? Bonne question.

Toujours est-il que le terrain où se trouve l'église et notre hôtel abrite aussi une école des métiers de l'artisanat pour enfants sourds et handicapés, que les profits de l'hôtel sont intégralement consacrés au fonctionnement de l'école et qu'il est en partie géré par des personnes malentendantes. Ils ont ouvert des petites boutiques pour promouvoir et vendre les produits créés par les élèves au profit de ces derniers. Ils soutiennent les entreprises locales visant à promouvoir le tourisme dans la région et sur leurs propriétés, à l'extérieur de la ville, ils semblent s'investir autant dans l'agriculture bio que dans la préservation de l'environnement et la qualité de vie des populations autochtones. Le tout sans jamais s'en vanter ouvertement. Nous n'avons malheureusement pas pu aller découvrir par nous même ce qu'il en était sur le terrain mais un grand sentiment d'optimisme et d'espoir m'envahissait le lendemain matin avant de reprendre la route. La magie de Noël peut-être ?

En attendant, on a trop bien mangé; on n'avait pas vu une telle diversité d'aliments depuis bien longtemps.