Hallucinant ! Pas moins de 6 voiliers en acier dont 4 français (Taoumé inclu) sont ancrés face au yacht club.

Nous sommes le 23 décembre, il est 15h et nous posons enfin les sacs à bord. Tout est tel que nous l'avions laissé 3 semaines et 4 jours plus tôt. Par contre, il ne nous reste plus beaucoup de temps pour faire les courses et préparer le repas de Noël. Mais qu'à cela ne tienne. Alors que Lulu a finalement renoncé à faire tout un repas et se concentre sur des desserts, une petite pirogue à voile nous aborde. C'est l'annexe de Karaka, le gros ketch noir mouillé à côté de nous. Ils viennent nous inviter à réveillonner chez eux en compagnie des autres voisins en mode apéro dînatoire, comme on sait si bien le faire sur l'eau.

J'adore ce genre de soirée. C'est toujours l'occasion de rencontrer des personnes très différentes les unes des autres, de découvrir des points de vue alternatifs sur le monde et il y a plein d'aventures à raconter et à écouter. On échange des informations sur les zones de nav' passées et à venir, on se donne des nouvelles des amis communs (car on vit dans un petit monde : on a toujours des connaissances communes entre voiliers), on propose des coups de main, on mange, on boit plein de bière et de vin... Autant dire que les retours en annexe sont parfois épiques. Heureusement, Tao est là pour nous ramener quand il ne dort pas déjà.


Le soir du 31 décembre, un catamaran suisse jette l'ancre derrière Taoumé. Ceux là arrivent pile à temps pour la fête ! Ils ont passé une journée compliquée en mer mais ne sont pas en reste pour profiter de la soirée. Il s'agit de Javerne que l'on avait rapidement croisé fin novembre. Ils ont une chaîne sur YouTube, si vous voulez y jeter un coup d'œil.

Nous avons donc célébré le Nouvel An au yacht club qui a organisé un repas suivi d'une soirée dansante et d'un feu de joie sur la plage. Il y a plein de monde, même si l'établissement n'est pas bondé. L'ambiance est chaleureuse et conviviale, les membres permanents se mélangent facilement aux bateaux de passage. Il y a surtout des familles et donc des enfants. Tao est aux anges, la barrière de la langue n'en est pas une à 4 ans et les jeux d'enfants sont universels.

Le repas est simple et délicieux, préparé avec soin par les excellentes cuisinières du club. Un père, habitué des lieux, a ramené des chamalows à griller pour le plus grand plaisir des marmailles... Et des parents tentant prudemment d'approcher l'énorme feu de joie avec de petits pics à brochettes sans se brûler.

À minuit, petite entorse aux gestes barrières, on s'embrasse tous autour du brasier avec feux d'artifice et pétards en toile de fond. On apprend 2 jours plus tard que 2 des équipiers de Karaka sont covid+. Tant pis, de toute façon on a tous été plus ou moins malades entre les fêtes.

Peu après une heure, la marée vient éteindre le feu, Tao dort debout, il est temps pour nous de rentrer.


Cette période de fêtes, bien que joyeuse et agréable, entouré de belles personnes, est difficile pour moi. Heureusement, Lulu et Tao ont un peu plus la pêche. Il y a déjà la fatigue accumulée du road trip et le fait d'avoir été malade toute la semaine. Le climat n'aide pas beaucoup : Kazkazi, le légendaire vent de nord souffle sans vergogne de 9h à 4h du matin et le soleil est assommant, rendant chaque tâche aussi minime soit elle éreintante. Enfin, la préparation du bateau, bien que ne représentant rien d'insurmontable est une véritable épreuve pour moi.

Pourtant, nous avons très envie de rejoindre Mayotte et de découvrir son merveilleux lagon. Nous éprouvons le besoin de nous sédentariser quelque temps, de retrouver une certaine routine, de partager notre quotidien avec les mêmes personnes... Si on l'a en partie à Tanga, cette ville manque de jolis mouillages pour le week-end, de plongées et du sentiment d'insularité.


Karaka, le ketch noir nous quitte une petite semaine après le Nouvel An. Ils n'iront pas tout de suite au Kenya car avec leurs tests positifs, l'immigration ne veut pas valider leur sortie du territoire. On est dans le seul pays qui tient absolument à garder les personnes covidées sur son sol (ou dans ses eaux en l'occurrence). Pas de chance ! Quoi qu'il en soit, ils auraient eu des difficultés à se faire accepter à Kilifi. Plan B: ils prolongent leurs visas de 1 mois et mettent le cap sur l'île tanzanienne de Pemba, au nord de Zanzibar. Parce que on est dans le seul pays où tu peux vivre tranquillement ta vie sans contraintes, même avec le covid. Coup de chance !

Pour les autres le train-train quotidien suit son cours. Pour nous, il est ponctué de baignades et de grosses siestes. De temps en temps on passe la soirée tous ensemble, une fois sur Javerne, une autre sur Taoumé ou au Yacht club. L'une d'elles se finira par une virée nocturne à la recherche du kayak de Gillou. Il avait simplement oublié de l'attacher. L'embarcation est retrouvée échouée dans la mangrove, sous le vent du mouillage.

Il s'avère que Corinne est coiffeuse de métier, je m'offre donc une vraie coupe de cheveux pendant que Tao nage avec sa mère d'un bateau à l'autre (distants d'une centaine de mètres).

Javerne d'ailleurs nous a quitté tôt ce matin pour rejoindre Zanzibar où ils doivent embarquer 2 apprentis marins. Pour ma part, je crois qu'il serait temps de poser le stylo et d'aller gratter ma coque. Après 2 mois d'arrêt, elle abrite un écosystème fleurissant mais handicapant pour qui a la prétention de vouloir naviguer prochainement.