Galaxy lève l'ancre en milieu de matinée, et après un crochet à Stown Town il prend tranquillement la direction de Dar Es Salaam. Nous restons à Bawé. On n'a pas envie de bouger, juste de se reposer, se baigner et vivre la petite routine du bord. Le décor est magnifique. En surface, de minuscules criques se dégagent à marée basse au pied des petites falaises, vestiges d'un récif corallien maintenant émergé. Sous l'eau, quelques colonies de corail bien vivantes mais presque pas de poisson. J'hallucine sur la faible densité de poissons de récif. Aux Seychelles on avait le droit à un cimetière de corail dans des eaux poissonneuses ; ici on a du corail vivant mais inhabité.


Petits bémols: à l'instar de Chapwani, Bawé est une île privée. Cependant, l'hôtel au sud de l'îlot est fermé et a priori très peu entretenu. Cela n'empêche pas un des gardiens de tenter de nous soutirer de l'argent pour nous autoriser à laisser Tao jouer sur la plage principale. Les jours suivants, on se fera donc plus discrets et on attendra la marée pour se poser dans les criques.

Autre bémol, le mouillage n'est pas du tout abrité au sud. Aussi, quand une petite perturbation surprise se pointe par là, l'ambiance est très pluvieuse, venteuse et houleuse. On passe 24h peu confortables mais l'ancre, posée sur un fond de 12m tient bon.


Après 5 jours passés à Bawé, on commence à s'ennuyer. De plus, on a épuisé les stocks de fruits et légumes. Nous restons un dernier jour sur place, j'en profite pour nettoyer la carène, l'hélice et le safran avant de reprendre la direction de Stown Town pour une escale express de 24h dédiée à l'avitaillement.


J-6 avant l'arrivée d'Elodie. Nous partons à la découverte des côtes sud ouest de l'île. Au passage, on fait un premier arrêt face à la petite île de Kwalé et à son banc de sable. L'escale est géniale. L'île accueille en journée des excursions de touristes. Du coup, le long de la plage, sont installées des petites échoppes de souvenirs et... Un bar !

En fin de journée, on a le banc de sable rien que pour nous. Bon, on doit tout de même le partager avec les crabes et les oiseaux. Une petite excursion en dinghy nous mène à la lisière de la mangrove. De tous petits passages entre les "falaises" donnent accès à une grande crique à l'eau très peu profondes. On relève le moteur et on s'y engage à la rame. C'est magnifique, seul les cris des oiseaux rompent le silence. La forêt de palétuviers nous interdit l'accès à la terre ferme, on se promène entre formations rocheuses en forme de champignons, des racines, des échassiers à la pêche. Dire qu'on n'a pas pris d'appareil photo...

Côté snorkeling, Kwalé, c'est top. Entre 3 et 12 mètres s'élèvent de somptueux édifices coralliens richement ornés d'anémones. Mais toujours très peu de poissons.


Prochaine étape, Uzy. Pas de chance, Tao, peu enclin à mettre son licra et sa casquette a choppé une insolation. Une semaine plus tard, le coup de chaud s'est transformé en grosse rhinite qui a du mal à passer.


Un chenal étroit mène à une grande baie peu profonde, à tel point que nous sommes obligés de mouiller à 1 mile des côtes après avoir vaillamment slalomé entre les bouées et les filets de pêche.

A un village et 2 campements de pêcheurs près, le coin est désert. Malheureusement nous ne profiterons de ce décor que depuis le pont de Taoumé. Je n'ai pas envie de quitter le navire pour aller gambader à 1 mile de là et le laisser seul face au vent soutenu et aux forts courants de marée. Et puis Tao est complètement ko. Lulu en profite pour faire le ménage à fond et rattraper toutes les lessives en retard.

Cerise sur le gâteau, on tombe à court de gaz.


J'avais initialement prévu de remonter à Stone Town sur 2 jours. L'impossibilité de faire chauffer quoi que ce soit nous conduit à presser le pas. Mercredi 3 novembre, en milieu de matinée, on lève l'ancre, on emprunte l'étroit chenal, on slalome entre les filets de pêche et on hisse les voiles. On remonte Menai Bay à la voile et au moteur en visant au plus juste les passes entre les îlots et les bancs de sable. Ce jour-là, on fait preuve de ponctualité comme jamais. Et heureusement parce que certains passages ne me sont accessibles qu'à marée haute. Le challenge consiste à passer au bon endroit au bon moment. La tension montera d'un cran au sortir de la passe de Fumba alors que les fonds mesurés sont nettement inférieurs aux indications de la carte.


La passe est finalement dépassée sans encombres et nous longeons maintenant la côte ouest de Zanzibar. La zone nuageuse et son front d'averses que je surveillais depuis un bon moment se rapprochent. Dans le doute, je réduis un peu la voilure. 30mn plus tard, le vent tourne d'un coup à 180 degrés. Le génois se retrouve à contre. On se dépêche de le régler, le vent forcit, mais pas au delà de 17 nœuds. Parfait, on peut éteindre le moteur. On se prend quelques bonnes averses :parfait, ça rince le bateau et les voiles. Quel dommage de ne pas pouvoir récupérer toute cette eau douce. Ça compenserait les 30 litres utilisés pour la lessive. Il faut vraiment que je m'attelle au problème de la récupération d'eau de pluie.


Après cet épisode d'une heure, le vent passe au sud est. On empanne, le cap et l'allure sont bons. Même s'il a légèrement molli, le vent nous permet tout de même d'avancer sous voiles seules à 4,5nds de moyenne jusqu'à Stone Town. On y retrouve le mouillage encombré de dhows, barques de touristes et ferries rapides avec leurs vagues énormes.


Le jeudi matin, priorité au gaz. Bien sûr, les bouteilles et détendeurs ne sont pas les mêmes qu'aux Seychelles. Entre ça et le taxi pour trouver et ramener une bouteille, l'expédition nous coûte un bon petit billet. Elle aura surtout vidé Tao de toute énergie. A notre retour, Galaxy est à l'ancre aux côtés de Taoumé. Après avoir débarqué ses équipiers et embarqué sa compagne à Dar Es Salaam, Alain a décidé de faire un crochet par ici avant de gagner Tanga.


"Attendez, vous voulez du gaz ? Il me reste une grosse bouteille des Seychelles pleine aux 3/4 qui m'encombre. Tenez !"

On est ravis et dépités à la fois. Au moins, on a un bon stock de gaz maintenant.


15h35, message d'Elodie: "J'arrive au Livingston"

Je suis ébahis. Comment a-t-elle pu arriver là moins d'une heure après son atterrissage ? Habituellement sujette au mal de mer, elle avale un comprimé avant même de mettre un pied dans l'annexe. Pour sa première soirée on va boire un verre et dîner en compagnie de Sabine et Alain. Eux mettront le cap sur Tanga dès le lendemain.

De mon côté je surveille une fenêtre météo en toute fin de week-end. En effet, les vents et les courants sont en train de tourner. Si on tarde trop à gagner le nord, ils vont refuser.


Vendredi, pendant que Galaxy lève l'ancre, Lulu et moi complétons le plein d'eau. Elodie surveille Tao qui dort après avoir pris son sirop pour la toux soporifique. Les réserves d'eau étant pleines, je laisse les filles aller au marché et je finis de préparer le bateau pour effectuer un saut de puce au moteur vers un mouillage plus calme à 2h au nord de la ville.

Le trajet s'effectue sans incident et sans mal de mer. Le bateau ancré, le temps est idéal pour le premier bain d'Elodie autour du bateau. On abandonne vite l'idée de boire un verre à l'hôtel 4 étoiles du coin. La terrasse est déserte mais le personnel nous demande 25 USD/personne juste pour nous laisser accéder au bar. Au final, on opte pour un petit instant de baignade un peu plus loin sur la plage où un homme lave son zébu dans l'eau de mer. L'animal est aux anges, Tao hallucine.


Concernant les projets à court terme, on envisage de rejoindre aujourd'hui, samedi 6 novembre 2021,un mouillage un peu plus au nord de la côte. Ce sera notre point de départ pour Tanga. Départ prévu demain dans la 2ème moitié de l'après-midi si les prévisions météo se précisent.